Amours contrariées

Vous avez imploré un rendez-vous courtois.
Avec mes fleurs des champs, je vous ai attendue…

Vous avez imploré un rendez-vous courtois.

Avec mes fleurs des champs, je vous ai attendue,

A guetter inquiet, votre allure menue.

J’aurais pu attendre longuement plein d’émois.

 

Rassurez-moi vraiment, farouche jouvencelle :

Vous étiez apeurée, tel un oiseau captif ?

Apaisez mes craintes, beauté à l’air rétif :

Vous n’avez pas osé venir dans la venelle ?

 

De votre désaveu, n’ai-je rien soupçonné ?

Vous m’avez écarté, vous aux élans si nobles,

Chassé de vos pensées, pour quel motif ignoble ?

Détrompez-moi vite, serais-je abandonné ?

 

Ces amants enlacés sur un banc de lumière

Accroissent ma peine, décuplent mon tourment.

Le soleil vacille, pâlit subitement.

Aucun motif d’espoir, ma douleur est entière.

 

Vous fûtes un doux rêve à moitié effleuré,

Votre orgueil me blesse, mon futur est exsangue.

Mes sentiments sont pris dans une épaisse gangue,

Alors je chavire, par la vie, effaré.

 

Je capitule donc, face à cette injustice,

Y croire encore un peu serait trop insensé.

Je cache mon malheur, par l’angoisse embrassé,

Dans le crépuscule, le cœur noir, je m’enfonce.