Les mains ivres du pianiste conversent entre elles,
Se poursuivent tels des moineaux, s’effleurent de leurs ailes,
Se disputent la saveur d’une octave convoitée
Confrontant triolets dans une joute colorée.
Mes poésies
Les mains ivres du pianiste conversent entre elles,
Se poursuivent tels des moineaux, s’effleurent de leurs ailes,
Se disputent la saveur d’une octave convoitée
Confrontant triolets dans une joute colorée.
Sur le tableau muet son regard flâneur glisse…
Le voilà transcendé d’un sentiment complice :
Ce portrait féminin rehaussé de couleurs
Le bouleverse tant qu’il laisse aller ses pleurs…
De ses yeux cristallins, la lumière fervente
D’une âme amoureuse, de franchise émouvante.
Il écoute son cœur se fondre à l’unisson
Avec cette nymphe qui s’offre sans façon.
Il veut, en chevalier, lui panser ses blessures ;
Il donne l’audace, réconforte, rassure.
Sa seule exigence : s’unir à son destin
Pour rêver à eux deux, l’aube d’un pur lointain.
Vivre sa liberté
Ne va pas sans contrainte.
Mais c’est à ce prix seul
Que je reste autonome.
Appuyée sur ses enfants,
La vieille avance pas à pas
Sur le chemin de son anniversaire,
Le centième, lui a-t-on rappelé.
Elle sourit par habitude,
Caresse la tête d’un bébé,
Sa descendance, paraît-il,
Presque cent ans les séparent.
De sa démarche tremblotante,
Elle domine la pyramide familiale,
Poussée au sommet par ses enfants,
Au fil des printemps, des naissances.
Que donner en pâture à ses pensées ?
Les souvenirs sont douloureux,
Le présent s’émaille de regrets
Et le futur est avare de promesses.
Est-ce une larme à ses yeux
Ou un éclat de vie qui brille ?
La vieille ne veut pas mourir,
Elle a encore tant à apprendre !
Elle qui pensait tout savoir,
Tout compris de l’existence,
S’aperçoit que le chemin jamais ne finit
Et qu’il reste tellement à découvrir…
Alors elle s’extirpe de ses réflexions,
Se hisse sur ses jambes fluettes
Mais s’affaisse dans la poussière,
Son regard vitreux tourné vers le soleil.
Autour d’elle, tous reprennent :
« Joyeux anniversaire… »
Ils lèvent leur verre au ciel,
Inconscients de ce qui se trame.
Quand ils se retournent vers elle,
Ils trouvent à sa place quelques fleurs.
Surgies de nulle part, leur parfum
Se répand sur toute la famille réunie…
L’instant d’un passage printanier d’hirondelle,
La mémoire est une amie loyale et fidèle.
A l’automne de l’existence se tarit
Lorsque, de la lumière, l’ombre se nourrit.
Elle s’amuse à jouer la capricieuse,
S’emmure telle une geôle silencieuse
Sacrifie sur l’autel du temps nos souvenirs
En laissant ses dernières grappes se flétrir
Elle est sans état d’âme, saupoudrant de doutes
Ce qui paraissait ancré une fois pour toutes,
Ternit de son voile les moments partagés,
Sur d’autres s’obstine, tristement saccagés.
Elle se transforme en une sorte d’angoisse,
Mutilant le passé dans une ardeur tenace
Où des fragments erratiques éparpillés
Subsistent d’une vie écrite en pointillés.
Heureuse chante ma mémoire sans séquelle
Que notre amour aujourd’hui colore et modèle.
Puisse sa saveur survivre sans s’effacer
Tant que tu m’aimeras sans jamais te lasser…
Pourquoi rêver d’éternité ?
Celle que je fus n’existe déjà plus…
Était-ce un rêve ?
Sa joue à peine effleurée ; elle en douterait presque.
Un songe ?
Ce souffle léger et ténu sur son visage ; elle le cherche encore.
Un mirage alors ?
Sa bouche caressée par un baiser furtif ; elle ressent ses lèvres.
Un espoir ?
Cette silhouette penchée au-dessus d’elle ; certitude d’une présence.
C’est un cauchemar.
Ses yeux s’ouvrent sur le noir de la nuit. Opacité totale.
Une hallucination.
Ses espoirs s’évanouissent, étouffés d’ombres sombres.
Un tourment.
Ce lit vide dans lequel il fait si froid ; des frissons la glacent.
Une torture.
L’absence de l’être aimé qui vrille son cœur…
Soudain luit l’arc-en-ciel de ton charmant désir…
Soudain luit l’arc-en-ciel de ton charmant désir,
Un brin facétieux, senteur de convoitise.
Ton sourire enjoué, je le veux, le courtise,
Tu ambitionnes d’aller me conquérir.
Ton visage s’éclaire d’airs malicieux,
Dans les rets de mes cils, mon regard te capture.
Mes yeux gourmands sondent de ta peau la texture,
Ton aplomb me pique de clins d’œil camaïeux.
Nos doigts s’apprivoisent, nos mains nous retenons,
Ton désir écoute ma bouche parfumée.
Ma peau te respire, tout d’amour consumée,
Un goût de pain d’épice invente ton prénom.
Nos sens en harmonie chantent à l’unisson
Une partition vibrante de nuances,
Tremblent en silence, s’unissent d’innocence,
Se conjuguent d’emblée dans un tendre frisson.
Nos âmes s’effleurent dans un jeu sensuel,
Et sens dessus dessous, mais en délicatesse,
Nos sens extasiés se moirent de tendresse
Face à ce langage commun sensoriel.
Les échanges verbaux n’ont plus d’utilité…
Voyageant sous le sceau d’émotions sublimes,
Nos sens chantent la joie de cette joute intime
Nous découvrons le sens même de la beauté…
Figé par la grâce de cette silhouette,
Il accueille en son cœur le sentiment brumeux…
Figé par la grâce de cette silhouette,
Il accueille en son cœur le sentiment brumeux
D’une joie intrinsèque aux accents lumineux,
A contempler, ému, la danseuse fluette.
Plus loin, dans un musée, au hasard de ses pas,
Il se laisse happer par les tons d’une toile,
S’arrête, subjugué, comme si une étoile
Tombant depuis le ciel se nichait dans ses bras.
Lorsqu’un paysage se dévoile d’emblée,
Une solennité l’étreint soudainement.
Son âme s’élève, rejoint sereinement
D’autres dimensions ; elle se sent comblée.
Rien n’est aussi puissant que ces émotions.
D’origine esthétique ou contemplative,
Elles sont la conscience aigüe, fugitive
De la vie fugace, de son expression.
Il éprouve dès lors l’irrésistible envie
De nourrir son âme du sens de la beauté.
Elle guérit, offre l’intériorité
Dont il ressent la soif toujours inassouvie.
C’est la certitude d’être une part d’un tout,
De trouver un indice ou même une promesse
Vers une fascinante ébauche de sagesse,
Voire d’éternité avec son avant-goût.
Vous avez imploré un rendez-vous courtois.
Avec mes fleurs des champs, je vous ai attendue…
Vous avez imploré un rendez-vous courtois.
Avec mes fleurs des champs, je vous ai attendue,
A guetter inquiet, votre allure menue.
J’aurais pu attendre longuement plein d’émois.
Rassurez-moi vraiment, farouche jouvencelle :
Vous étiez apeurée, tel un oiseau captif ?
Apaisez mes craintes, beauté à l’air rétif :
Vous n’avez pas osé venir dans la venelle ?
De votre désaveu, n’ai-je rien soupçonné ?
Vous m’avez écarté, vous aux élans si nobles,
Chassé de vos pensées, pour quel motif ignoble ?
Détrompez-moi vite, serais-je abandonné ?
Ces amants enlacés sur un banc de lumière
Accroissent ma peine, décuplent mon tourment.
Le soleil vacille, pâlit subitement.
Aucun motif d’espoir, ma douleur est entière.
Vous fûtes un doux rêve à moitié effleuré,
Votre orgueil me blesse, mon futur est exsangue.
Mes sentiments sont pris dans une épaisse gangue,
Alors je chavire, par la vie, effaré.
Je capitule donc, face à cette injustice,
Y croire encore un peu serait trop insensé.
Je cache mon malheur, par l’angoisse embrassé,
Dans le crépuscule, le cœur noir, je m’enfonce.