Enquête ou En quête

Le temps s’échappe, m’échappe.
Par quel tour de magie réussit-il toujours à tromper ma vigilance ?

Mes tentatives pour le retenir s’avèrent toujours vaines.
Mes doigts tentent de l’accrocher, l’enserrer.
Mais il s’écoule et file, sans état d’âme.
Immuablement.

Seuls persistent çà et là quelques filaments de mélancolie,
Comme ces longues herbes vertes que peigne le courant des rivières.

Où s’enfuit-il ? Je peux m’adonner à toutes sortes d’activités
Afin de le quantifier, de le compter, le décompter…
Je peux aussi le traquer, me mettre en embuscade,
Pour essayer de l’apercevoir dès que je le percevrai…

Il a toujours le dernier mot et finit par disparaître.
Sans laisser d’indice.

Pourtant, mon visage dans le miroir ne ment pas sur son passage.
Un regard en arrière sur ma vie lui confère l’aspect d’un livre volumineux.
Les pages en sont noircies d’écriture.
Mes yeux n’éprouvent aucun scrupule à montrer un horizon devenu incertain.

Je n’avance pas davantage dans ma quête :
Elle débouche sur la même voie sans issue.

Autant vouloir attraper le vent :
Plus je cours après le temps, plus il s’effiloche, se rend insaisissable, se joue de moi.
Mon existence ressemble à une dentelle, sans trame ni chaîne ;
Les parties ajourées indiquent tous ces moments où j’ignore ce que j’ai fait de ma vie.

Il doit exister malgré tout une réponse.
À portée de main, à portée d’esprit.

Cette trame-là existe bel et bien.
À moi d’apprendre à la déchiffrer, pour ensuite la lire.
Avant qu’il ne soit trop tard.
Avant de n’avoir plus le temps.

Au lieu de m’éparpiller dans tous les sens,
Peut-être devrais-je chercher en moi.

Je me suis posée dans les herbes folles,
Les yeux perdus sur ma chère montagne.
Cette brise printanière que je laisse pénétrer mon esprit,
Ce doux soleil qui me rassure de sa chaleur…

Je crois avoir senti, l’espace d’un instant, le temps s’arrêter.
À moi d’apprivoiser cette fugace vision pour comprendre, l’apprécier. Enfin…