Vagues de digressions

Peinture de Gustave Caillebotte

Sur la plage de ma mémoire, je chemine.
Çà et là se sont échoués des souvenirs,
Fragments de vie inanimés sans avenir,
Altérés par les ans à la douce patine.

Ils sont tissés de cette étoffe diaphane,
Fragiles et pâles comme brume en été.
Leurs contours indécis, tout en légèreté,
Racontent qu’avec le temps, toute chose fâne.

Des regrets chagrins que le ressac raccompagne,
Persistent toutefois, imparables récifs,
Où la mélancolie, pointillés corrosifs,
Blesse mon âme, quand la nostalgie la gagne.

La mer enlace le ciel de ses bleus turquoise,
Jusqu’à l’horizon qui s’exalte à scintiller.
Ils combinent leurs énergies pour m’habiller
De satine, tel le velours de la framboise.

La clepsydre s’écoule au rythme des marées.
L’amour retrouvé, le plus puissant des ferments,
La paix revenue chassant craintes et tourments,
Teintent l’écume de nos rêveries moirées.

Femme de toi

Peinture de Jack Vettriano

Du nacre de la soie, j’ai habillé mes seins ;
Les échos de ta voix font frissonner mes reins.
Ma nuque réclame le parfum de ton souffle
Tandis que le rose de mes joues je camoufle.

Un frisson égrène son intime tourment,
Cristallise en désir le moindre frôlement.
Mes mains cherchent à tromper mon impatience,
De mon âme jaillit un serment d’allégeance.

Mes sens incandescents plaident en leur faveur,
Rassurés maintenant par tes yeux butineurs.
Une chaleur sourde s’insinue dans mon être,
Je dérive vers toi, dans tes bras m’enchevêtre.