Un brave métayer partit de sa montagne
Pour se rendre en bord de mer acheter du sel.
Il rencontra un homme lourdement chargé
Qui s’épongeait le front de sueur recouvert.
Mon ami, s’exclama l’aimable paysan,
Pourquoi vous éreinter avec ce lourd fardeau
Qui n’affecterait pas une bête de somme ?
Vous voulez, par ce soleil ardent, rendre l’âme ?
Hélas ! lui répondit l’autre, l’air déconfit,
Mon compagnon de labeur m’a abandonné.
Laissez-moi vous conter l’histoire saugrenue
D’une rencontre plus qu’improbable à mes yeux.
Mon animal de portage, dans la rivière
En étanchant sa soif, remarqua un mulet.
Il cherchait visiblement la discussion.
«Je n’en peux plus de ma piètre condition !
Mon espèce est mise en danger par les pêcheurs,
Cuisiné à toutes les sauces, je m’éteins.»
«J’ai une idée pour toi ! s’exclama l’équidé,
Une suggestion pour quitter ton ruisseau…
Mes oreilles trop minces pour chasser les mouches,
Ton long corps fuselé serait plus efficace…
Ta couleur argentée serait d’un bel effet,
Son gris ciel se marierait bien avec ma robe.
Marché sitôt conclu sous mes yeux ébahis !
Je vis le poisson sortir de l’eau, prendre place
Sur la tête du cheval, devenu… mulet !
C’est ainsi que naquit le Mulet de Valros…