Vagues de digressions

Peinture de Gustave Caillebotte

Sur la plage de ma mémoire, je chemine.
Çà et là se sont échoués des souvenirs,
Fragments de vie inanimés sans avenir,
Altérés par les ans à la douce patine.

Ils sont tissés de cette étoffe diaphane,
Fragiles et pâles comme brume en été.
Leurs contours indécis, tout en légèreté,
Racontent qu’avec le temps, toute chose fâne.

Des regrets chagrins que le ressac raccompagne,
Persistent toutefois, imparables récifs,
Où la mélancolie, pointillés corrosifs,
Blesse mon âme, quand la nostalgie la gagne.

La mer enlace le ciel de ses bleus turquoise,
Jusqu’à l’horizon qui s’exalte à scintiller.
Ils combinent leurs énergies pour m’habiller
De satine, tel le velours de la framboise.

La clepsydre s’écoule au rythme des marées.
L’amour retrouvé, le plus puissant des ferments,
La paix revenue chassant craintes et tourments,
Teintent l’écume de nos rêveries moirées.