Jouer avec le coeur

Un battement, un autre : c’est mon cœur.
Il bat, joue la samba, instinctivement.
Il pulse, impulse la vie, animalement.
Métronome infatigable toujours au labeur.

J’écoute sa musique douce, compte ses notes.
À quelle source puise-t-il parfois sa conviction ?
Sa raison de persévérer, sa propre motivation ?
Alors que de peur ou de douleur, il grelotte…

Soudain, à un détour de la vie, le voici affolé,
Submergé, en proie à un choc émotionnel.
Il bat la chamade sur un rythme fractionnel.
C’est sûr, on l’entend à la ronde, marteler.

J’ai croisé, sans le savoir, un bourreau des cœurs,
Mais, tout aveuglée, je lui ai ouvert le mien.
Écoutez-le battre juste pour vous, ce lien…
Entrez donc, ai-je murmuré, à ce bel arnaqueur.

Cœur à cœur, on bat beaucoup plus fort.
Cœur contre cœur, on a tellement plus chaud.
Il fait si calme, si tendre ! L’espoir sort du cachot.
C’est vital pour moi : je revendique du réconfort !

Mon corps connaissait le vôtre intensément.
Juste pour nous, le temps patiemment s’étirait.
Vous saviez que mes craintes se dénoueraient,
En laissant mon cœur s’épancher doucement.

C’était mon âme, ivre d’amour, qui palpitait
Quand la vôtre, ardente, réchauffait mon cœur.
Votre vie semblait m’inonder, mielleuse liqueur…
Sans autre nécessité, le cœur léger, j’existais.

Mais un jour, perfidement, surgit le doute.
Je voulus comprendre, en avoir le cœur net
Et découvris votre cœur de pierre. Sornettes !
Tout n’était qu’illusion, trahison. La déroute !

Abattue en plein vol et poignardée à mort,
Vous avez arraché mon cœur sans état d’âme.
À cœur joie, vous avez plongé votre lame
Dans mes sentiments sans le moindre remord.

Un battement, puis un autre : c’est mon cœur.
Il me fait souffrir comme jamais. Atrocement.
Il pulse, impulse du poison. Mécaniquement.
Métronome insupportable empli de rancœur.