Je sais aussi…

Je sais le mal-être qui te ronge
Jusqu’à la nausée, violente,
Jusqu’au dégoût de toi-même.

Je sais à quelle incompréhension
Tu te heurtes, interdite de défense,
Et les a priori qui te condamnent.

Je sais à quel point tu déranges
Les bien-pensants donneurs de leçons,
Les principes inébranlables de certains.

Je sais cet appel intérieur, sa voix
Qui parfois répand sa brume en toi,
Lorsque tu te crois près de tomber.

Je sais son insistance à te tenter,
Et le visage qu’il revêt insidieusement :
Celui du mirage fallacieux de la paix.

Je sais que tu marches sur un fil,
Funambule de cette vie, où chaque pas
Peut tout faire basculer. Définitivement.

Je sais combien tout cela te pèse,
Le supplice où ton existence t’a enfermé.
Tu voudrais pouvoir déposer ce fardeau.

Je sais que je n’ai aucun pouvoir,
Aucune arme digne de ce nom
Pour te secourir. Au moins te soutenir.

Je sais le sursis qui précède la décision.
Mais laquelle ? Terrifiante angoisse.
Insoutenable sentiment d’inutilité.

Je sais pourtant le pouvoir de la Vie,
Celui qui résonne malgré tout en toi,
Qui te ramène vers elle, avec douceur.

Je sais aussi mon amour pour toi,
Il t’appartient, force sincère et vraie.
Tu ne l’ignores pas, je sais cela aussi.

Alors… Alors ?

Je ne sais plus rien.
J’espère, je te fais confiance.
Encore une fois.