Privilégiée…

L’instant d’un passage printanier d’hirondelle,
La mémoire est une amie loyale et fidèle.
A l’automne de l’existence se tarit
Lorsque, de la lumière, l’ombre se nourrit.

Elle s’amuse à jouer la capricieuse,
S’emmure telle une geôle silencieuse
Sacrifie sur l’autel du temps nos souvenirs
En laissant ses dernières grappes se flétrir

Elle est sans état d’âme, saupoudrant de doutes
Ce qui paraissait ancré une fois pour toutes,
Ternit de son voile les moments partagés,
Sur d’autres s’obstine, tristement saccagés.

Elle se transforme en une sorte d’angoisse,
Mutilant le passé dans une ardeur tenace
Où des fragments erratiques éparpillés
Subsistent d’une vie écrite en pointillés.

Heureuse chante ma mémoire sans séquelle
Que notre amour aujourd’hui colore et modèle.
Puisse sa saveur survivre sans s’effacer
Tant que tu m’aimeras sans jamais te lasser…