Sur le Quai de la Vie

12 pieds

Sur le Quai de la Vie paradait un galion,
Ses cales emplies d’une cargaison légère :
Les rêves et les espoirs que nourrit tout être.
Fier et coloré, il fleurait bon l’illusion.

Sa vision gonflait les voiles de mon orgueil,
Autant qu’elle ancrait fermement mes certitudes ;
Ses canons assenaient lourdement des principes.
Son nom même était fracassant : l’Incontestable.

Une nuit cependant, le vent se déchaîna,
Agressant mon bateau de sa noire furie :
Il mordit, brisa, éventra puis disloqua
Avant d’abandonner des décombres épars.

Mon vaisseau et mes convictions avaient sombré,
Tandis que l’horizon, peu à peu dégagé,
M’apprit que j’avais tressé des cordes de sable
Dans un marécage de vérités trompeuses.