La forêt d’ombre d’où personne ne revient

Concours de poésie Frontignan – 2018

J’ai osé entrer dans cette forêt d’ombre,
Une forêt dont nul n’est jamais revenu.
L’appel de l’obscur retentit encore en moi,
Incantation lointaine, fascinante et angoissante.
Quand soudain s’élève la tempête,
Je me sens hypnotisée par la peur suscitée,
Totalement prisonnière de sa puissance.
Des gémissements montent dans les aigus :
C’est le vent qui joue sa furieuse partition.
C’est aussi lui qui se jette à l’assaut du ciel
Afin d’écrire les notes manquantes.
Sa symphonie glaciale est dévastatrice,
Sa musique ricane, semble étouffer la vie
Dans un hideux feulement de fin de monde.
Je suis prise au piège, perdue corps et âme…
À quoi bon lutter ? Autant lâcher prise.
Du plus profond de mon être monte
un hurlement.
Tête en arrière, visage giflé par les éléments,
Mon cri s’élève, chevauche le vent,
S’enroule de son panache, court au-delà des cimes.
Je fais corps avec lui, abandonne mes peurs.
Il nettoie mon âme, souffle pour en apaiser les brûlures.
Probablement suis-je en train de côtoyer
la folie,
Je ne m’appartiens plus, je ne suis plus
moi-même.
J’expire dans un ultime souffle toutes
mes douleurs.
Subitement s’impose un silence éclatant.
Je gis dans une clairière emplie de paysages nouveaux :
Je venais de faire le vide, éliminer tout ce qui encombrait ma vie.
J’avais déposé mes fardeaux.
Une « re-naissance ».
J’étais revenue de la forêt d’ombre.