Tous deux face à face
Toi, moi dans un corps à cœur
Nous deux fous d’amour.
Auteur/autrice : Lou
Fantasme au masculin
C’est un soir sans but, un soir insignifiant. L’ordinaire d’une journée morose qui s’achève. C’est un homme sans but, insignifiant parmi les passants qu’il côtoie sur ce trottoir ordinaire d’une ville morose.
Mains aux poches, tête enfoncée dans les épaules, il a froid.
Clac, clac, clac… D’abord, il ne prête pas attention à ce bruit venant derrière lui. Pourtant, il se répète, se rapproche même, surgi du brouhaha de la foule. Bruit reconnaissable et caractéristique des talons aiguille…
Son imagination s’enflamme… Il se figure ces escarpins qui le suivent. De cela, il est sûr. Son appétit soudain en alerte découvre des chevilles fines et nerveuses, un pied délicieusement cambré comme le corps d’une femme s’abandonnant à l’amour. Il fantasme sur les jambes aux mollets galbés à merveille. Les cuisses légèrement dévoilées par une jupe légère laissent entrevoir des atours auxquels il ne pourra que succomber. La taille prise dans un corset de soie rehausse la poitrine haletante et laissent s’échapper des épaules à l’arrondi parfait.
Son cœur bat maintenant au rythme de ce martèlement persistant. Cette attente insoutenable l’incite à prendre l’évidente décision : se retourner vers cette femme et admirer son visage qui ne peut qu’être parfait, à la hauteur de son rêve.
Dans une volte-face rapide, il découvre enfin ! celle qui l’a déjà conquis.
Il se retrouve nez à nez avec une grand-mère à la démarche énergique, battant la mesure sur le pavé de son parapluie fermé.
Elle
Elle n’en peut plus, ces dernières années furent épuisantes pour elle. Elle mesure tout le combat qui fut le sien. Elle a relu le désespoir couché sur le papier, revu les abîmes dans lesquels il lui est souvent arrivé de vouloir sombrer, réentendu les gémissements et les hurlements qui lui arrachaient la gorge. Elle a perçu à nouveau la sécheresse de son cœur délaissé, éprouvé les terrifiants manques de son corps, elle a pleuré sur elle. Elle se tient la tête à deux mains, tout se mélange, se fourvoie dans les chemins de sa mémoire, se laisse envahir par la compassion pour cette femme qu’elle a été, pour cette enfant qu’elle fut jadis.
Elle pose un regard sur sa vie, embrasse d’un seul coup d’œil ce que fut son parcours, comme on peut observer un paysage dans sa globalité du haut d’un promontoire. Le point de départ de cette rivière qui coule désormais dans la vallée de sa vie fut cette aridité affective, cette sécheresse sans précédent qui ont failli lui coûter la vie, lui faire perdre la raison. D’ailleurs, elle l’a perdue en partie pour oser, désespérée comme elle l’était, accomplir l’impensable. Instinct de survie qui l’a poussée sur les chemins de la liberté, de la libération, de l’accomplissement d’elle-même ? Peut-être pas jusque-là, mais au moins a-t-elle pris sa destinée en main pour aller chercher le sang qui ne coulait plus dans ses veines, pour aller trouver le souffle qui manquait à ses poumons, la chaleur qui ne circulait plus en elle, pour échapper au froid de la mort qui l’engourdissait peu à peu. Entre la raison et l’intuition, elle a suivi cette dernière pour aller au gré des chemins qu’elle croisait, pour s’aventurer dans des territoires où elle est devenue proie et chasseuse. A instinct de survie ?
Il a fallu détruire pour reconstruire, souffrir et faire souffrir pour sortir la tête de l’eau. Il a fallu se battre, encore et encore, donner de sa vie pour pouvoir en gagner. Se peut-il qu’un jour jaillisse de ce tas de gravas une fleur sauvage ?
Face à face (2)
De vous à moi il n’y a…
… d’abord à capter qu’un fugace regard
Il coule en vous tel un véritable nectar.
De vous à moi il n’y a…
… ensuite que l’esquisse d’un furtif sourire
Mais il éblouit à jamais cet instant à saisir.
De vous à moi il n’y a…
… maintenant qu’un seul et unique pas
Pour être tout entière engloutie dans vos bras.
De vous à moi il n’y a…
… désormais qu’un infime geste à ébaucher,
Ma peau en frissonne, je me sens flancher.
De vous à moi il n’y a…
… à présent qu’une commune respiration
Unie à celle de l’océan, douce superposition.
De vous à moi il n’y a…
… que nos lèvres, en attente de ce baiser
Qui nous enflamme, tremblants de désir aiguisé.
De vous à moi il n’y a…
… que l’impatience de deux corps palpitants
À la danse sensuelle et au rythme envoûtant.
De vous à moi, laissez-moi à votre cœur murmurer
Combien je vous aime, vous qui m’avez capturée.
De vous à moi, laissez-moi, sans tarder, vous accueillir
Abandonnez-vous à moi, sans plus réfléchir…
Le figuier
En cette fin d’après-midi de septembre, je ramasse les dernières figues. Au meilleur de la saison, gonflées de nectar, elles courbaient sous leur poids de leur saveur, comme une humble offrande de l’arbre. Il a, cette année encore, fourni une récolte généreuse et gourmande. Quel âge peut-il bien avoir d’ailleurs ? Je l’ignore, d‘autant que sa taille n’est pas en rapport avec ses années. Il n’est pas très grand. Il a poussé tout en largeur et ses branches courbes se sont obligeamment mises à portée de main pour faciliter la cueillette. Leur souplesse contraste avec une apparente fragilité. En fait, je le soupçonne de préférer réserver sa sève nourricière à la production de fruits plutôt qu’à sa croissance. C’est dire s’il s’agit là d’un arbre généreux.
Mais aujourd’hui, les derniers fruits n’ont plus cette saveur si particulière que leur confère le soleil de l’été. Il n’en reste que quelques-uns qui ont du mal à mûrir. Le vent frais qui souffle en rafales rappelle que l’heure est bientôt venue de se préparer à l’hiver. Son message est appuyé par les lourds nuages gris qu’il amène à travers un ciel délavé dépourvu de son éclat. C’est un combat inégal des éléments où l’automne, ambassadeur de l’hiver, s’installe peu à peu.
Je savoure les figues une par une, consciente qu’il n’y en aura plus jusqu’à l’année prochaine. Leur peau moins souple n’est plus craquelée sous l’excès de suc, leur chair n’est plus gorgée de sucre. Elles sont désormais flétries, plus fades. Elles n’emprisonnent plus le soleil. Qu’importe ! Je suis là, témoin privilégié de cet arbre qui m’invite à manger ce qu’il m’offre. Autour de moi, il n’y a aucun bruit si ce n’est le vent, mais peut-on le définir comme un bruit ? Bien au contraire, il ajoute à la solennité du moment, il me fait frissonner pour me rappeler qu’il est l’heure. L’heure de quoi ? En tournant le dos à cet arbre qui représente la vie, qui est la vie, je sais que je devrai mettre mes pas sur un autre chemin dont je ne connais rien. Une abeille frileuse arrive à la recherche de son nectar. Trop tard… Elle rentrera bredouille ou se contentera d’une figue aigre avant que les fourmis s’en emparent.
Je remercie le figuier pour sa générosité renouvelée, pour le plaisir qu’il me procure à apprécier ce qu’il offre, ce qu’il est. Sait-il combien je l’estime ? Sait-il qu’intérieurement, je le qualifie de « remarquable » et le porte en moi comme un étendard de vie ? Peut-il lire dans mes pensées ? Celles qu’il m’inspire sont autant de fruits aigres-doux qui m’amènent à m’interroger sur ma vie, sur la Vie et sur ce long chemin sans fin où seule la mort apportera un point final.
Je ressens soudain un grand vide en moi, un froid m’étreint dont j’ignore la cause. J’interroge le ciel pour comprendre, mais le soleil qui peine à se faufiler à travers les nuages ne m’est d’aucun secours. Un dernier regard au figuier : il n’a pourtant rien dit… Il est temps de partir…
Dépression
Que veux-tu que je te dise ?
Tu m’as posé des questions auxquelles je ne peux, je ne sais répondre.
Que veux-tu que je fasse ?
Tu m’as vampirisé et vidé entièrement de toute force physique.
Que veux-tu que je mange ?
Tu as créé en moi des nausées régulièrement insoutenables.
Que veux-tu que j’offre à mon esprit comme nourriture ?
Tu as pourri irrémédiablement et sans état d’âme tout ce qui m’entoure.
Que veux-tu que je vive ?
Tu as ôté tout intérêt à toute forme de vie, quelle qu’elle soit.
Que veux-tu que je regarde ?
Tu as occulté irrévocablement et définitivement mon avenir.
Que veux-tu que je lise ?
Tu as dénaturé le contenu de tous mes livres, ils n’ont plus aucun sens.
Que veux-tu que j’écoute ?
Tu as volé la liberté associée à la musique, ni l’une ni l’autre ne
résonnent plus en moi.
Que veux-tu que je sois ?
Tu as fait de moi un territoire ravagé par un perpétuel tsunami
d’angoisse.
Que veux-tu que j’espère ?
Tu as ouvert en moi-même un abysse insondable dans lequel je chute de
« l’intérieur ».
Que veux-tu que je respire ?
Tu m’enfouis dans un trou noir, supprimes tout espace de respiration.
Que veux-tu que j’exprime ?
Tu m’as isolé de mes amis en t’interposant comme une barrière
repoussante.
Que veux-tu de moi ? Qu’attends-tu de moi ?
J’ai compris : lâcher. Tout lâcher… C’est donc ce que tu veux ?
Mais c’est toi qui n’as rien compris…
Tu n’as définitivement rien compris, car j’aime et je suis aimé.
Et contre l’amour, tu ne peux rien, tu ne pourras jamais rien,
Tu seras toujours la grande perdante…
We Love Words
De ce brouillon fou
D’idées, d’émotions, de peurs,
De rires et de larmes,
Jaillit, miracle !
Un florilège de mots
Qui crée de la vie.
Chacun s’y nourrit,
Chacun sait s’en délecter,
Pour son pur bonheur.
Saine émulation,
Respect toujours bienveillant,
Sain affrontement,
Ce site, bien sûr,
Sert d’abord à partager
Encourager, semer…
… la créativité.
Quand l’envie nous prend
J’ai envie de toi de toi
De toi dont je fais ma proie
De toi yeux mi-clos.
J’ai envie de toi
De toi approche féline
De toi un mot : Viens !
Face à face
De vous à moi il n’y a d’abord à capter qu’un fugace regard
Pourtant il coulera en vous tel un véritable nectar.
De vous à moi il n’y a ensuite que l’esquisse d’un furtif sourire
Mais il éblouira à jamais cet instant hors du temps à saisir.
De vous à moi il n’y a maintenant qu’un seul et unique pas
Pour être enfin tout entière engloutie dans vos bras.
De vous à moi il n’y a désormais qu’un infime geste à ébaucher,
Ma peau en frissonne par avance, je me sens flancher.
De vous à moi il n’y a à présent qu’une commune respiration
Elle se confond avec celle de l’océan, douce superposition.
De vous à moi il n’y a que nos lèvres, en attente de ce baiser
Qui enflamme nos êtres tremblants d’un désir aiguisé.
De vous à moi il n’y a que cette sourde et folle brûlure
Ce brasier qui rend dérisoire.
De vous à moi il n’y a que l’impatience de deux corps palpitants
Qui entament une danse sensuelle au rythme envoûtant.
De vous à moi, laissez-moi tendrement à votre coeur murmurer
Combien je vous aime, vous qui m’avez capturée.
De vous à moi, laissez-moi, sans tarder, vous accueillir
Abandonnez-vous à moi, sans plus réfléchir…
Renku : Trois voix
Quelle direction ?
Quel chemin est le plus sûr ?
Peur de me tromper…
Réfléchis quand même…
Tu n’as pas droit à l’erreur
Ne prends pas de risque.
Tu compliques tout
Te poses trop de questions
Tu dois lâcher prise
Mais alors que faire ?
Je voudrais que la vie soit
Simple comme un souffle.
Volonté, audace,
Tu n’as rien de tout cela,
Pas même de la force !
Mais avance donc !
L’action est déjà réponse.
Sois confiant en toi !
L’angoisse m’étouffe
Je regarde l’avenir
Avec inquiétude.
Tu raisonnes enfin !
Reste tranquille chez toi,
Ferme tes volets…
Ouvre donc tes yeux !
Veux-tu oser vivre un jour ?
Debout ! Tiens-toi droit !
J’ai compris… Je vois…
Tous les chemins sont la Vie,
Même les impasses.