La louve

Elle se laisse approcher par le chasseur,
Curieux et étonné d’une proie aussi fragile,
Si fragile qu’elle en serait pathétique.
Elle se laisse approcher.

Elle se laisse cerner par l’éventualité d’en finir rapidement,
Par l’idée de lui accorder une victoire facile donc sans plaisir.
Elle se laisse cerner.

Elle se laisse cependant effleurer puis toucher par des fleurs de mots
Qui glissent sur elle comme autant de caresses.
Elle se laisse effleurer puis toucher.

Elle se laisse bercer par le sentiment d’une douceur retrouvée
Par la certitude d’une absence de danger.
Elle se laisse bercer.

Elle se laisse aller à ouvrir son cœur
Dont elle pousse la porte pour y recevoir la chaleur trompeuse. Tout y est en ruines.
Elle se laisse aller à s’ouvrir.

Elle se laisse pénétrer d’espoir et d’amour
Et s’offre au chasseur.
Elle se laisse pénétrer.

Mais dans une volte-face,
Elle s’arrache le cœur pour ne plus aimer,
Elle s’arrache le cœur pour ne plus souffrir,
Et trempe sa plume dans l’encrier de ses larmes pour écrire son destin.