La rupture

Ils se sont séparés… 

Dénoués, les liens étroits qui les unissaient.
Déliées, les amarres solides qui les retenaient.
La Terre entière est devenue un immense désert
Où désormais, égaré et ivre de solitude, il erre. 

Sa souffrance vrille ses entrailles, il survit.
Elle est telle, qu’il n’a pas conscience de la vie,
Celle qui bruit autour de lui, tel un monde sauvage.
Sa désespérance est si profonde… Elle le ravage. 

Tout est dépourvu d’éclat autant que de saveur.
Il est anesthésié, déconnecté, en apesanteur.
La charpente affective patiemment assemblée
Qui donnait du sens à son équilibre s’est écroulée. 

Quelles sont les fondations mêmes de son existence ?
Un champ de ruines cristallisées dans la souffrance.
Aujourd’hui, les voilà remises totalement en question :
Il s’avère incapable de faire preuve de résignation. 

Vision de ce qu’il reste d’elle en lui : comme hantée,
Chacune de ses cellules en est à jamais affectée.
Il respire, pense, ressent toujours comme elle.
Elle l’obsède, présence permanente intemporelle. 

Elle occupe son espace vital, possède son âme.
Il donnerait cher et chair pour effacer ce drame.
Se souvenir du parfum de son corps le met au supplice.
Rien ne saurait amoindrir cette douleur destructrice. 

Son inconscient aux abois la cherche, la quémande.
Il sursaute, s’affole, ses émotions le commandent.
Partout où elle n’est plus, il la repère,  l’implore.
Il court après une ombre furtive, fantôme incolore. 

Ce n’est finalement qu’un mirage qui le laisse chancelant
Face à la cruelle réalité de l’absence, constat accablant.
Son corps le supplie de lui ramener ce doux poison
Distillé par cette femme devenue son unique horizon…

Silencieuse, elle torture son sommeil chaque nuit,
Echappe à ses caresses mais s’enroule autour de lui.
Quand il comprend au matin avoir fait l’amour à un rêve,
Il hurle de rage, le cœur froid, transpercé par un glaive.  

Il apprend dans la folie de ses sens le mot désamour
Et sa douloureuse résonance s’amplifie, jour après jour.
Sa tristesse rivalise avec un sentiment de trahison.
Il sombre, persuadé de l’imminence de la déraison. 

Un mois, une année ? Le temps ne lui appartient plus…
Il a posé sur le papier toute cette vie, l’a relue…
Une voix intérieure lui murmure : tu survivras…
Sans toi, dans les bras d’un autre, elle oubliera. 

Mais sans toi aussi, elle se souviendra toujours.
Personne ne pourra nier l’existence de cet amour.
Sur le seuil de son cœur, face à tous ses tracas,
Comme d’autres, il finira par guérir… Ou pas.