Plume capricieuse

Dis-moi, ma plume, me bouderais-tu ?
Tu m’ignores depuis si longtemps…
Pourquoi cette distance entre nous ?
D’où provient ton mutisme ?
Ne joue pas avec mon cœur,
Rassure-moi, ma plume…

Je te laisse choisir l’outil pour ta réponse :
Calame, sergent major, crayon mine…
Prends le plus virtuose, le plus à ton diapason.
Je te laisse choisir l’écrin à qui la confier :
Parchemin, papyrus, carnet de vélin…
Retiens le plus feutré, le plus secret.

Où s’est égaré le souffle qui t’animait,
Me faisait respirer d’un même élan ?
Où se terre cette délicate ivresse
Que procure un poème écrit à ton encre ?
Ton amitié m’aurait-elle délaissé,
Ou t’aurais-je déplu ? Peut-être froissée ?

Ne te soucie pas des règles de prosodie,
Ignore-les sans appréhension aucune,
Dégage-toi sans façon de ce joug.
Cette contrainte bride ta créativité.
Cette liberté octroyée te sied-elle ?
Mesure l’effort auquel je concède…

Je me languis du poids de tes mots,
Du choc musical de tes vers.
Je te cherche dans les lieux les plus improbables,
Mais mes yeux ne te ressentent nulle part.
Ne joue pas avec mon cœur,
Rassure-moi, ma plume…